repères numéro 6
_Martina Kramer (archive 2001)
née en 1965 à Zagreb (Croatie), vit en France depuis 1989.
Peintre. Scrute la lumière comme l'élément qui l'a fait sortir du cadre et prendre comme support l'espace réel.
Pour interpeller l'humain, sur son échelle, quant à la consistance du visible, elle tente de déranger l'apparence, la matérialité convenue.
l du même auteur ailleurs sur le site l __________________________
_André Avril (archive 2001)
né en 1963. La marche est devenue importante dans mon travail de sculpture depuis 1989, date de mon arrivée à Paris.
Les photographies présentées dans ce numéro représentent une infime partie d'un ensemble d'images prises en parcourant toutes les rues de tous les arrondissements parisiens durant près de trois ans, entre 1996 et 1999. Des notes, dans le prolongement de ces déambulations méthodiques ont accompagné ces images.
Je n'ai jamais considéré cet ensemble de photographies comme un projet à réaliser ou une idée, mais davantage comme un rapport presque ritualisé au temps et à l'espace, une réflexion sur une durée propre à mon corps, dans le mouvement de la marche. Ces " objets " des caniveaux, aux cours de mes déplacements, sont devenus des repères, des tonalités presque musicales qui rendaient plus sensible mon déplacement et mon rapport au temps.
l du même auteur ailleurs sur le site l __________________________
_Henri Cueco
repère en cours de numérisation, devrait être disponible un jour
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_Robert Guillermet (archive 2001)
Peut-on s'empêcher d'aimer sa mère? On peut pas parce qu'on connaît son
odeur, sa démarche, ses reins, ses yeux. Parce qu'on est dépendant. On
est régi. Par les yeux par la voix elle fait de nous à peu près ce
qu'elle veut. Comme moi je fais à peu près ce que je veux par les yeux
et par la voix avec un chien normal. Quand on est sur ses genoux elle
obtiendrait n'importe quoi. On marche ensemble. On rit ensemble. On est
triste ensemble. Elle nous a essuyé le derrière, mouché, décoincé le
kiki de la braguette. Je suis triste parce que ma mère est triste, par
contagion, par mimétisme. Sans autre raison. Sans tristesse.
Tant qu'elle respecte les apparences de l'amour, c'est à peu près
impossible à un enfant de déceler le désamour de sa mère. Car la mère,
à l'intérieur des apparences de l'amour a aussi dans ses attributions
de punir, faire la gueule, contraindre. Comment savoir si on est
contraint par amour, par vengeance, par manoeuvre?
On est du sang qui a poussé dans son ventre et quand on naît, on
braille parce que ça fait mal d'en sortir. On peut avoir comme
hypothèse que la confiance. Qui peut être difficilement démentie. Les
apparences sont énormes : la fête des mères, les chansons sur la mère,
le calendrier de la poste avec les chatons, les canetons, les chiots,
les poulains, les oisillons et puis les devoirs à la maison, les bobos
pansés, les petites peines racontées, la peur confiée.
On ne peut pas avoir comme hypothèse que la confiance. On n'a
probablement pas encore vu de bébé regarder avec suspicion le sein,
demander des tests, des analyses de lait. Se méfier. Ils se jettent sur
le sein comme nous vers midi et demi on se jette sur la mortadelle. Si
la mère invite son enfant à traverser la rue alors qu'une voiture
arrive il traversera et se fera écraser.
C'est un psychiatre qui à cinquante ans m'a orienté sur la voie de la
méfiance. J'avais plus de 10 en triglycérides, 5 en cholestérol,
j'étais pré diabétique, je venais de procéder à une T.S. assez bien
organisée. Je valais pas cher. Sinon je m'en prenais qu'à moi-même. Je
me battais moi-même, je me méprisais, je me chiais dessus. A
cinquante-huit ans j'ai fait une hypothèse de méfiance. A cinquante
neuf j'étais dans les albums photo, les actes notariés, avec une loupe.
J'ai fait une enquête. Comme un flic. A soixante et un ans j'ai refermé
l'enquête. L'hypothèse de méfiance était la bonne. J'aurai pris un coup
de peigne à carder sur la figure, ça m'aurait fait le même effet.
J'ai essayé de savoir qui j'étais. Tout seul. Pendant 50 ans. C'est très dur.
Maintenant je me renseigne auprès des autres. C'est moins dur.
J'interroge des témoins, des lieux, des documents, des photos. Ça me
serait pas venu à l'idée il y a vingt ans. Il y avait que moi qui
pouvait savoir sur moi. On est assez bien renseigné par l'extérieur. Je
ne pouvais pas m'en douter. Je pouvais pas.
J'ai pris mes habitudes dans le midi moins le quart, je respire à
Lyon, j'aime environ trois cents personnes dont quelques unes, beaucoup.
Robert Guillermet a tiré sa révérence le 4 mars 2010.
Publications :
Jus de Cep (Alain Buyse éditeur, Lille, 1994, np). Alain Buyse éditeur : 12, rue des vieux Murs, 59800 Lille (Tél.: 03.20.55.53.72)
Je le sais, in Siècle 21, n°2 (printemps 2003)
Picasso et moi, in Siècle 21, n°5 (automne-hiver 2004)
Spasmes (édition du Limon, 2008, 80 p., 15 euros). Les éditions du Limon : 9, impasse de lAncienne Prison, 71100 Chalon-sur-Saône (Tél. : 03 85 93 47 65).
D'autres écrits de RG, dont son autobiographie, ont été déposés à l'Association pour l'Autobiographie (APA), à Ambérieu-en-Bugey (01) <http://fonds.sitapa.org/consulter/index.php>
L'association a gardé et développé une des idées de Robert : "Le Garde-mémoire, projet d'animation.En 1979, Robert Guillermet, «acteur-animateur-conteur» a entrepris une
collecte d'histoires de vie : Le Garde-Mémoire. Ce titre nous a plu, et
nous le lui avons emprunté (merci à lui !). «Un cantonnier meurt deux
fois, écrit-il, une fois par la mort, quand il meurt. Une deuxième fois
cinquante ans plus tard, par l'oubli». D'où cette idée du
Garde-mémoire, conçue pour une équipe d'oreilles et de regards
(journaliste-poète ; photographe ; dessinateur) :
«inviter des
artistes à recueillir des traces, écouter des moments-clés de
biographie, des fragments d'existence, des moments d'étonnement, des
plis de visage. Les épurer, les authentifier auprès de l'auteur de
vie... Établir un matériau brut, à partir duquel il soit possible de
créer une uvre unique, un original (...).
Le projet de Robert Guillermet a connu à plusieurs reprises une
mise en uvre (à Marseille-Nord en 1979, à Ris-Orangis en 1982). L'idée
reste toujours actuelle...". Michel Vannet, directeur de la Médiathèque.
l du même auteur ailleurs sur le site l _1996-1999
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_Glaucis De Morais (archive 2001)
je fais des interventions, j'élabore des textes, des objets, des images, des notes. J'exerce ma pensée comme puissance qui instaure l'acte créatif. Flux qui réfléchit dans tout ce que je produis. C'est une prise de position devant les événements de la vie. Une forme d'insertion, un chemin qui s'ouvre pour une expérience qui fonde le doute créateur et créatif, horizon des possibilités. A partir d'un exercice partagé avec Elida Tessler j'ai composé un texte / oeuvre, un travail qui essaye de rendre compte d'une situation d'acte / pensée.
(traduit du brésilien par Dominique Boxux)
l du même auteur ailleurs sur le site l __________________________
_Elida Tessler
ElidaTessler vit et travaille au Brésil.
Artiste, professeure et chercheuse liée au Departamento de Artes Visuais et du Programa de Pós-Graduação em Artes Visuais do Instituto de Artes da Universidade Federal do Rio Grande do Sul UFRGS. Chercheuse du CNPq., Brasil. En 1993 elle a fondé, avec Jailton Moreira, le Centre d'art TORREÃO, espace de production et de recherche en art contemporain à Porto Alegre. Ce travail a été développé jusqu'à 2009.
Elle expose régulièrement, au Brésil et à l'étranger.
En 2009, elle a réalisé un Post-doctorat à Paris, avec une bourse de Realizou Pós-doutorado em CAPES (Brasil) auprès de l' École des Hautes Études en Sciences Sociales et Paris I- Panthéon-Sorbonne, toujours à propos des rapports entre l'art visuel et l'écrit.
Un de ces projets a été le suivant : lire le roman «A la recherche du temps perdu» de Marcel Proust et repérer toutes les apparitions du mot Temps.
La liste présentée ici est constituée de presque toutes les expressions employant ce mot dans le roman. "Je dis presque à cause de la simple constatation qu'entre le jour et le lendemain, le temps fait naître encore un mot perdu. Le temps se fait camouflage entre les lettres. L'être et le temps aiment beaucoup jouer à cache-cache, dissimulant page par page la finitude de l'écoulement de notre flux vital.
Voici la forme d'un parchemin de notre ère : un livre en rouleau, à son rythme. Vous pouvez juste faire glisser le curseur et voir le texte. Vous pouvez aussi lire à haute voix, lentement, si vous préférez. Prenez votre temps pour faire défiler ce chant avec votre intonation, votre modulation, votre mélodie."
Un aboutissement de ce travail à été la réalisation d'un livre d'artiste (exemplaires limités) : à l'aide d'un petit tampon - vous êtes ici, chacune des occurrences du mot temps est estampillée, en rouge (photos ci-dessous). Une exposition de ces travaux autour des livres d'artiste sera présentée à Paris prochainement.
Repère (archive 2002) née à Porto Alegre, où elle vit et travaille. Artiste visuelle, consacre son temps entre ses activités à l'Université et TORREAO, lieu de production et de recherches en art contemporain, de caractère expérimental. Ses recherches sont réalisées en tenant compte d'un sujet qui la poursuit depuis quelques années : le passage du temps, ses traces et ses effets conceptuels. Elle essaie de noter les choses à ne jamais oublier - ou à ne pas perdre. En tout cas, il lui arrive de perdre son cahier de notes tout rempli.
l du même auteur ailleurs sur le site l __________________________
_Sofi Hémon Je travaille à des processus d'accumulation d'images, à des fractures et sautes de motifs. Je filme incessamment l'image passant par des écrans divers. J'aimerais rendre visible l'hésitation du mouvement se déroulant.
Videaudios : rêve amusculaire.
J'aime l'idée du métrage. Du kilométrage.
Je rêve d'une image/son coulante.
Une image/son aux aspérités aléatoires.
Une image secouée-imprévue.
Une image/son à flot : l'esprit ne s'accroche pas.
Ça coule -moins d'une seconde, 1 minute, 6 heures.
De biais. Le cerveau enregistre la lumière cathodique.
Ça fait écho à tout ce qui coule autour/en nous.
Videaudios : du clapotis.
De l'infraction macroscopique.
L'oeil caméra capte un évènement.
Videaudios ou plutôt le contraire d'un évènement
Image/Son : bruissement, rides de temps. Poumon absorbant. Association végétale.
Videaudios n'a pas d'épaisseur.
/Note du 1er avril 2010/
Ces Videaudios//vignettes livrés à NOTES/ sont des échantillons. Ils sont liés au dispositif /Benthos/Trame/ et indépendants. De «grands métrages» de durée illimitée sont en friche. /All over patterns/, motifs ouverts aux paramètres aléatoires, les micro-boucles sont assemblées. Les motifs se propagent. Chacun a sa propre vie. Le maillage sonore et visuel est imprévisible. Nous disposons d'une réserve/grenier d'images et de sons Videaudios. L'image/son tricote l'espace et le fluidifie. Note du 2 avril 2010.
Site de SH : http://webmastersite.perso.neuf.fr/index.htm
(archive) Un écran, des archives, la lumière et le temps : je suis cette animale qui hyberne et fonctionne sur ses réserves en désertant le monde par intermittence.
Chaque jour alors que la nuit devient jour je reste ébahie par cet événement.
Chaque jour à l'heure bleue, celle qui précède la conscience entre sommeil et éveil j' ignore l'idée qu'il est trop tôt ou trop tard. Je réunis des poussières visuelles et des fragments de correspondance/ insoumise avec mon ami Eneas.
NOTES gîte d'étape durant ce laps de temps devient un lieu possible. J'y dépose un sédiment virtuel celui qui apparaît sur ma rétine des yeux quand je les ouvre.
Visiter également son site : http://sofihemon.net
Archive 2001
peintre. Invitée à intervenir à TORREAO en septembre 2000 (" comment faire proliférer l'idée originale en même temps qu'on la réduit? ").
Comme me dira Elida avec humour, après notre dialogue, " nous commencions à peine la discussion ".
l du même auteur ailleurs sur le site l _Carnets transitoires I II
_Automne-hiver 1996-97
_Atelier d'été 1997
_Elégia - la couleur et la plainte 1998/1999
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